Moins d’un an après avoir mis les pieds pour la première fois dans le sud-ouest de la France et découvert le Pays basque, nous y sommes retournés pour explorer un département de la région bien moins connu mais non moins superbe : le Tarn-et-Garonne. Pendant une semaine, nous sommes allés de surprises en surprises en arpentant les routes du plus jeune département français. Paysages grandioses, patrimoine exceptionnel, population accueillante et plaisirs de la table : le cocktail était réuni pour que l’on tombe sous le charme instantanément !
Si vous n’êtes pas très calé en géographie française ou que vous n’êtes pas originaire du sud-ouest, il est fort probable que vous ne sachiez pas bien situer le Tarn-et-Garonne sur une carte. En effet le département est un brin éclipsé par ses voisins plus touristiques à savoir le Lot, l’Aveyron, le Gers ou bien encore la Haute-Garonne. A ce propos, Montauban la plus grande ville du Tarn-et-Garonne n’est pourtant qu’à une heure de route de Toulouse mais ça peu de gens le savent. Il faut dire que le Tarn-et-Garonne souffre d’un déficit d’image si bien que la plupart du temps nous avions les lieux pour nous seuls ou presque. Alors que faire et que voir dans le Tarn-et-Garonne en une semaine ?
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― Visiter les plus belles bastides du Tarn-et-Garonne
Avant de découvrir le Tarn-et-Garonne, nous n’avions aucune idée de la définition exacte du mot « bastide« . Je pensais qu’il s’agissait d’une maison de maître située dans un village de Provence. En fait je n’étais pas bien loin de la vérité car « bastide » désigne effectivement une ferme ou une maison de campagne provençale. Mais dans le sud-ouest « bastide » a un sens tout autre : il désigne une ville construite selon un plan précis durant la Guerre de 100 ans et la croisade des Albigeois entre 1222 à 1373. Et en Tarn-et-Garonne les bastides sont légion. Voici nos préférées :
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Auvillar
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Auvillar est le tout premier village que nous avons visité dans le Tarn-et-Garonne et le coup de cœur a été immédiat. D’un point de vue historique, Auvillar n’est pas à proprement parler une bastide, c’est en fait une cité construite sur un ancien oppidum romain. Sa création date de bien avant la construction des bastides mais si on vous en parle c’est qu’Auvillar se situe tout près de plusieurs bastides et qu’il serait dommage de ne pas y faire un tour. Car ce qui fait la spécificité d’Auvillar, c’est sa magnifique halle aux grains circulaire érigée en plein centre de ce tout petit village bordé par la Garonne. En plus de faire partie des plus beaux villages de France, Auvillar est aussi une étape du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, d’où les quelques randonneurs croisés lors de notre passage. Nous poursuivons notre balade dans ces ruelles pavées hors du temps avant d’aller faire un tour dans la partie basse du village, là où se trouvait l’ancien port et d’où partaient les cargaisons remplies de faïence à destination de Bordeaux.
Où manger à Auvillar ?
Au pied de la Tour de l’horloge, sur une terrasse ombragée surplombant les anciens remparts, le restaurant l’Horloge offre une cuisine du terroir élaborée à base de produits locaux, bio et de saison. L’établissement met un point d’honneur à s’approvisionner auprès des producteurs de la région et ça se ressent dans les assiettes. Toutes les spécialités du Sud-Ouest sont présentes sur la carte, mais si vous avez envie d’autre chose regardez du côté du plat du jour et laissez vous tenter par le risotto au poulpe par exemple. Les tables se remplissent vite aussi pensez à réserver.
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Montjoi
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A quelques kilomètres d’Auvillar, Montjoi est une autre bastide de caractère, plus petite et plus confidentielle. Construite dans un style différent (en pierres blanches), Montjoi possède un chemin de ronde qui permet de faire le tour du village et qui offre un superbe panorama sur la vallée de la Séoune . Préférez la fin de journée pour visiter ce village, les lumières seront plus douces.
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Lauzerte
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Perché sur une colline qui domine les vallons du Quercy blanc, Lauzerte fait partie des plus beaux villages de France. Si l’on trouve que ce qualificatif est parfois exagéré pour désigner certains villages, là on a tout de suite compris pourquoi en découvrant la place des Cornières et ses arcades surmontées de maisons datant du Moyen-Âge. Avec ses volets peints et ses enseignes médiévales, la place semble tout droit sortir d’un décor de cinéma. Mais Lauzerte n’est pas figé dans le temps et reste une ville très vivante qui accueille les pèlerins de la via Podisensis, l’un des 4 itinéraires principaux du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle qui relie Le Puy-en-Velay à Saint-Jean-Pied-de-Port au Pays basque.
― Le Conservatoire des Métiers d’autrefois
Non loin d’Auvillar, le village de Donzac abrite le Conservatoire des métiers d’autrefois, un musée qui regroupe des objets de la région datant du XIXème et du début du XXème siècle. Les 20 000 pièces exposées à travers plusieurs reconstitutions permettent d’en apprendre plus sur le monde rural du siècle passé et c’est un véritable voyage dans le temps que nous avons fait en l’espace d’une heure. En bref, ce fut une belle visite, d’autant plus qu’on ne s’attendait pas à trouver un musée aussi fourni dans un village situé loin des circuits touristiques habituels du Tarn-et-Garonne.
Visiter le Conservatoire | Informations pratiques
? Adresse : 167 avenue du Brulhois 82340 Donzac
? Tarif : 5€
? Site internet : Conservatoire des Métiers d’autrefois
― Le cloître de l’abbaye de Moissac
Situé dans l’ouest du département, Moissac est une étape importante du chemin de Saint-Jacques de Compostelle et l’un des sites touristiques les plus connus du Tarn-et-Garonne. Son abbaye renferme un cloître millénaire considéré comme le plus beau du monde et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce fameux cloître est exceptionnel par la splendeur des 76 chapiteaux jamais restaurés qui ornent ses colonnes de marbre et qui racontent des scènes de la Bible ou de la Création. Avant d’entrer dans l’abbaye, ne manquez pas d’admirer le tympan finement sculpté représentant l’Apocalypse selon Saint-Jean, un autre chef d’oeuvre de l’art roman.
Visiter le cloître de Moissac | Informations pratiques
? Adresse : 6 Place Durand de Bredon, 82200 Moissac
? Tarif : 6,50€, supplément visite guidée 2,50€
? Site internet : Abbaye de Moissac
Où manger à Moissac ?
Sous la terrasse ombragée faisant face à l’abbaye, le Florentin propose des plats typiques de la région tout en finesse : foie gras, truffe noire, melon du Quercy, magret de canard, tous les produits du sud-ouest sont là. Respect de la saisonnalité des produits, générosité authenticité sont les maîtres-mots du chef Thierry Boniface. Mention spéciale pour les desserts et l’excellent sabayon aux poires.
― Dormir dans une charmante maison d’hôtes à Castelsagrat
Nous avons posé nos valises au Pachot, une très jolie maison d’hôtes tenue par Wim et Karolien, un jeune couple de Flamands parfaitement bilingue qui élève des purs sangs arabes dans leur grand domaine de Castelsagrat, une autre adorable bastide. Le gros point fort de la maison, au-delà de sa localisation dans un cadre champêtre au calme absolu, c’est sa piscine et son pigeonnier d’origine que Wim et Karolien projettent de restaurer pour en faire une chambre d’hôtes. L’endroit est idéal pour visiter le nord-ouest du Tarn-et-Garonne. Le Pachot fait aussi table d’hôtes et le soir nous avons pu apprécier les talents de cuisinière hors-pair de Karolien.
| Réserver votre nuit au Pachot
― Explorer les gorges de l’Averyon à Saint-Antonin-Noble-Val
Aux confins du Tarn-et-Garonne, à la limite avec le Tarn, la rivière Aveyron s’est frayée un chemin au coeur des gorges qui serpentent de Villefranche de Rouergue (dans le département de l’Aveyron) à Bruniquel (en Tarn-et-Garonne). C’est dans ce cadre pittoresque et spectaculaire que se situe le charmant bourg de Saint-Antonin-Noble Val dans lequel on a passé plusieurs jours et qui fut le point de départ de notre descente des gorges en kayak. Pour plus en détails sur notre séjour là-bas et les nombreux points d’intérêt qu’il y a à découvrir aux alentours, n’hésitez pas à lire notre article sur Saint-Antonin Noble Val.
― Se délecter des produits du terroir
Impossible de visiter le Tarn-et-Garonne sans succomber à ses spécialités et notamment aux fruits qui font la réputation du département à tel point qu’il est surnommé le « verger du sud-ouest » : pommes, figues, prunes, chasselas de Moissac et melon du Quercy sont parmi les plus connus. Au bord des routes, au détour d’une ruelle, dans les jardins des particuliers les fruits sont partout ! Parfois il n’y a qu’à tendre la main pour se servir c’en est déconcertant (attention de vous assurer que les fruits que vous cueillez sont bien sur un domaine public). En prime on retrouve de nombreux autres produits du terroir typiques du sud-ouest : foie gras, confit de canard, cassoulet… Evidemment avec de telles richesses, l’art de la table a été érigé en mode de vie et les fins gourmets seront comblés. Pour tout vous dire il n’y a pas eu un seul restaurant durant notre séjour dont on ne soit pas ressortis repus. Les portions sont gargantuesques, heureusement on a plutôt bon appétit !
― Se laisser surprendre par Montauban, la ville rose du Tarn-et-Garonne
Sur les 3 villes roses que compte le sud de la France, le Tarn-et-Garonne en abrite une : il s’agit de Montauban, le chef lieu du département. Située sur les rives du Tarn, la cité d’Ingres (le peintre est natif de la ville) est une ville à taille humaine où il fait bon-vivre et qui abrite plusieurs bijoux d’architecture comme le Pont Vieux ou la Place nationale et ses couverts à double arcade en briques rouges. Pour en savoir plus sur nos coups de cœur et nos bonnes adresses, n’hésitez pas à consulter notre article dédié à notre visite de Montauban.
― Se balader le long de la Garonne, près du canal de Montech
Bien que situé dans les terres, l’eau ne manque pas en Tarn-et-Garonne puisque le département est traversé par 3 fleuves et rivières majeurs : le Tarn, l’Aveyron et la Garonne qui relie l’Atlantique à la Méditerranée. Construit parallèlement à la Garonne, le canal des Deux mers est une merveille d’ingénierie du XIXème siècle qui a transformé l’économie du sud de la France en permettant le transport des marchandises de Sète à Bordeaux, d’où son nom. Un itinéraire cyclable de 800 kilomètres permet de longer cette voie verte dans son intégralité : de Sète à Toulouse, on parcourt le canal du Midi et de Toulouse à Bordeaux on suit le canal de Garonne, le tout formant le canal des Deux mers. Dans le Tarn-et-Garonne, Montauban est relié au canal de Garonne grâce au canal de Montech, localisé à quelques kilomètres plus au sud de la métropole. Pour avoir en avoir eu un petit aperçu, on s’est dit que ça doit être bien sympa de pédaler au fil de l’eau, mais plutôt hors saison pour éviter les températures caniculaires de l’été. Quoi qu’il en soit, à Montech, cyclistes et joggeurs cohabitent en toute quiétude dans ce havre de paix.
―La cité chapelière de Caussade
Parce qu’il est important de soutenir les artisans qui font perdurer le made in France, nous tenions à passer par Caussade, la cité du chapeau. A partir de la seconde moitié du XIXème siècle et grâce à l’avènement du chemin de fer, Caussade devient un fleuron de l’industrie du chapeau de paille jusqu’à connaître son apogée dans les Années folles où le canotier est rendu célèbre par les artistes de l’époque comme Maurice Chevalier ou Fred Astair. Avant la Seconde guerre mondiale, Caussade ne produit plus uniquement des chapeaux de paille mais s’adapte à la demande en vendant aussi des chapeaux en textile. Les ateliers de chapellerie de Caussade font alors vivre des milliers de personnes. Cette histoire passionnante de l’industrie du chapeau à Caussade est retracée de façon ludique et interactive au musée de l’Epopée chapelière. Le musée est tout petit mais la scénographie bien pensée et les pièces exposées de toute beauté.
Visiter l’Épopée chapelière | Informations pratiques
? Adresse : Office de Tourisme Carré des Chapeliers 82300 Caussade
? Tarif : 4€
? Renseignements : tourisme@quercycaussadais.fr
Pour compléter la visite de l’Epopée chapelière, nous sommes partis à la rencontre de Didier Laforest qui vit et travaille dans une bâtisse du centre-ville de Caussade datant du XIIIème siècle. Didier exerce le métier rare de formier c’est-à dire qu’il sculpte des blocs de bois en tilleul qui servent ensuite de moule pour la réalisation de chapeau comme par exemple les tricornes. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous spoiler mais grâce à Didier vous repartirez de Caussade incollable sur les formes de chapeau et sur ce métier classé à l’UNESCO.
Visite guidée de l’atelier de Didier | Informations pratiques
? Adresse : Chapellerie Hats Blocks Laforest 37 rue de la république 82300 Caussade
? Tarif : 4€
? Site internet à consulter pour connaitre les horaires : Hats Blocks
― Apprendre à aimer l’art contemporain à l’Abbaye de Beaulieu
L’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue est une ancienne abbaye cistercienne comme il en existe tant d’autres, à un détail près. Ici on ne vient pas vraiment pour se recueillir mais plus pour découvrir les expositions d’art contemporain qui donnent un coup de jeune à cet ensemble architectural datant du XIIème siècle. Pour mieux comprendre, il faut revenir aux années 60 lorsque Pierre Brache et Geneviève Bonnefoi, un couple de mondains parisiens entreprennent de restaurer l’abbaye tombée en ruines avec le concours de l’Etat. L’idée : offrir un écrin à leur collection d’œuvres d’art. Le pari a été relevé haut la main puisque l’abbaye a été magnifiquement restaurée et unit désormais l’architecture religieuse à l’art contemporain. Lors de notre passage, nous avons été émerveillés par le travail de l’Anglaise Liz West et ses installations colorées qui redynamisent l’abbaye à travers l’exposition « In the light ».
Visiter l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue | Informations pratiques
? Les collections d’art contemporain changent régulièrement, consultez le site Internet avant votre venue pour connaitre le nom de l’artiste exposé
? Adresse : Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue 82330 Ginals
? Tarif : 6€
? Site internet : Beaulieu en Rouergue
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Notre itinéraire d’une semaine dans le Tarn-et-Garonne
Jour 1 : arrivée en fin de journée sur Montauban. Nuit à Castelsagrat
Jour 2 : Auvillar et le Conservatoire des métiers d’autrefois (Donzac). Balade dans Montjoi en fin de journée. Nuit à Castelsagrat
Jour 3 : Lauzerte et l’abbaye de Moissac. Nuit à Lamothe-Capdeville
Jour 4 : Montauban. Nuit à Lamothe-Capdeville
Jour 5 : Caussade et Bruniquel. Nuit à Saint-Antonin Noble Val
Jour 6 : Saint-Antonin Noble Val et Beaulieu en Rouergue. Nuit à Saint-Antonin Noble Val
Jour 7 : descente des gorges de l’Aveyron en kayak. Nuit à Saint-Antonin Noble Val
Cet article fait suite à une invitation de l’ADT Tarn-et-Garonne que nous remercions. Notre avis n’a aucunement été influencé, nous restons libres de nos propos.
Très chouette, ça me rappelle de bons souvenirs et me donne envie de découvrir d’autres lieux de ce départements si charmant 🙂
Merci Céline, c’est sûr qu’il y a de quoi faire en Tarn-et-Garonne ! Nous aussi on aimerait y retourner et pourquoi pas faire le Canal des 2 Mers 😄
Bonjour, Bravo pour cet article qui vante mon cher département. Quant vous êtes à MOISSAC n’oubliez pas de passer par BOUDOU petit village où vous observerez un point de vue magnifique sur la plaine de la Garonne et sur la Lomagne Gersoise. Plus de photos, de vidéos et d’infos sur le site de mon assos la DREB qui met en valeur le 82 à travers le compte-rendu des balades bi-mensuelles organisées sur le département pour les personnes qui ont trop de temps de libre ! (https://dreb.eklablog.com)
Merci Marie-Claude, nous sommes ravis que l’article vous plaise ! On ne manquera pas de faire un tour à Boudou lors de notre prochain séjour en Tarn-et-Garonne 😉
A Montauban c’est le Tarn et non la Garonne !! 😉
Ahh petite confusion, je corrige immédiatement merci !